
Madame Thérèse Paquet-Sévigny, co-fondatrice et première secrétaire générale d’Orbicom est décédée à Montréal le 17 mars dernier. C’est grâce à son obstination et à son dynamisme que le réseau Orbicom est né et que les bases de son développement pérenne ont été établies au sein de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On trouvera sur le site d’Orbicom les principales informations sur les circonstances qui ont conduit à la création du réseau en 1993-1994, processus abouti dans lequel Thérèse a joué un rôle décisif. Le site fournit également un rappel très complet de sa brillante carrière professionnelle, que ce soit à New York au sein du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies ou au Canada en tant que professionnelle de la communication, puis membre du corps enseignant de l’UQAM.
Très touché par la disparition de Madame Thérèse Paquet-Sévigny, je souhaiterais rapporter ici une brève anecdote qui démontre toute sa personnalité. Nous sommes en 1993, deux ans après le “Séminaire sur la promotion d’une presse africaine indépendante et pluraliste” organisé conjointement à Windhoek (Namibie) par l’UNESCO et les Nations Unies. Thérèse venait de quitter son poste de Secrétaire générale adjointe de l’ONU à New York et était rentrée à Montréal pour prendre celui de professeure à l’UQAM. Le Directeur général de l’UNESCO, Federico Mayor, lui était infiniment reconnaissant pour le soutien qu’elle avait apporté à l’organisation du séminaire de Windhoek et souhaitait lui exprimer sa gratitude en lui offrant d’inscrire ses nouvelles activités à l’UQAM dans le cadre d’une “chaire UNESCO en communication”. Thérèse était certes flattée par l’offre de Federico Mayor, mais elle lui avait clairement fait comprendre qu’elle ne l’accepterait qu’à trois conditions : d’une part, sa chaire devait pouvoir être intégrée dans un réseau international de chaires comparables et, d’autre part, le réseau devait lui-même dépasser le monde universitaire et être ouvert à une coopération avec les milieux professionnels, publics et privés, de la communication. De plus, pour être viable à moyen et long terme, le réseau devait pouvoir s’appuyer sur un secrétariat permanent. Le Directeur général de l’UNESCO était tout à fait d’accord en principe avec ces conditions, mais il n’était pas en mesure d’assurer la réalisation de la troisième qui non seulement dépassait les moyens de l’institution, mais exigeait également une liberté d’action qu’une organisation intergouvernementale comme l’UNESCO ne pouvait pas lui garantir. C’est ainsi que Thérèse, lors d’une réunion mémorable avec le recteur de l’UQAM, Claude Corbo, entreprit de convaincre ce dernier à la fois d’héberger le secrétariat permanent du réseau et de décharger la professeure en charge (i.e. Thérèse elle-même) d’une partie de son enseignement pour lui permettre d’en assurer la gestion. Lors de cette séance à laquelle j’ai personnellement été invité à participer en tant que représentant du Directeur général de l’UNESCO, Thérèse a bénéficié du soutien inconditionnel de son collègue Claude-Yves Charron, professeur de communication internationale. Peu de temps après, Thérèse a fait savoir à Federico Mayor qu’elle était très honorée d’accepter la chaire UNESCO en tant que titulaire et qu’à la suite de ses démarches, l’UQAM était tout aussi honorée d’accueillir dans ses murs le secrétariat du réseau des chaires UNESCO en communication et d’en assurer le fonctionnement quotidien.
Le réseau a été officiellement établi au printemps 1994 sous le nom d’Orbicom, avec son secrétariat international à l’UQAM. Simultanément, la chaire UNESCO-Bell en communication et développement international était inaugurée avec Thérèse Paquet-Sévigny comme titulaire. Ni l’un, ni l’autre n’auraient existé sans l’engagement total et la détermination sans faille de cette dernière. Son nom demeurera à tout jamais attaché à celui d’Orbicom.
Par : Alain Modoux
Membre co-fondateur d’Orbicom
Ancien Sous-Directeur général de l’UNESCO
pour la liberté d’expression, la démocratie et la paix
AUTRES TÉMOIGNAGES :
Un bel hommage de Solange Tremblay à Thérèse Paquet-Sévigny. À lire sur LinkedIn : Cliquer ici .
L’International Public Relations Association (IPRA) rend hommage à Thérèse Paquet-Sévigny sur son site : Cliquer ici .